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De bac-3 à bac+3 : un grand chantier de destruction de l’école républicaine au service des besoins du marché Alors que l’école du socle (loi Fillon 2005) était toujours rejetée par les personnels, la loi de refondation, reconduisant le socle, s’est attaquée à l’école primaire et au collège, à travers trois volets : les rythmes scolaires, le décret sur les obligations de service des enseignants et la réforme du collège. C'est maintenant au lycée et à l'université que le gouvernement veut s'attaquer dans les semaines qui viennent, au moment où les enseignants demandent massivement l’abrogation de la réforme du collège. Le dernier rapport de la cour des comptes du 29 septembre 2015 sur « le coût du lycée », approuvé par Mme Najat Vallaud-Belkacem, nourrira sa réflexion, annonce-t-elle. Mais le projet d'une réforme du lycée et de l'enseignement supérieur est élaboré dans le rapport Bréhier du 8 juillet 2015, déposé par la commission parlementaire des affaires culturelles et de l'éducation, créée le 15 décembre dernier dans le prolongement de la loi du 22 juillet 2013 relative à l’enseignement supérieur et à la recherche (ESR) qui a consacré la notion de continuum entre le lycée et la licence – le fameux « de bac moins trois à bac plus trois » En effet, l’un des participants à la commission de l’éducation et de la culture ayant pour tâche d’étudier le rapport, M. Jean-Noël Carpentier, déclare : «(...) il faut changer les mentalités ; l’école de la République, de la maternelle à l’université, doit se défaire d’une vision trop élitiste, hypersélective ainsi que le reconnaît l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). (…) La réforme Peillon s’y était attaquée pour le primaire, nous tentons de le faire pour le secondaire, il faut le faire aussi pour l’enseignement supérieur. » L’OCDE se félicite d’ailleurs des réformes de l'éducation engagées par le gouvernement. Car cette « refondation de l’école », de la maternelle à l’université, apparaît plutôt comme un immense chantier de destruction des statuts des personnels de l’éducation, de l’école républicaine, des diplômes nationaux reconnus dans les conventions collectives, de l’école républicaine et à travers cela, de la république sociale au service de l’injonction de l’OCDE : former « une main d’œuvre solide et adaptée à la demande du marché du travail » (II. Réformes en cours et défis. Les réformes actuelles vont dans le bon sens. P.10) Comme toutes les contre-réformes de l’éducation depuis le socle, le rapport part d’un constat fallacieux, prétexte à de nouvelles attaques. Un Lycée qui serait élitiste et un bac qui serait trop coûteux Le rapport condamne « L’organisation du lycée en filières hiérarchisées, qui reflètent en partie la différenciation sociale des lycéens (…) ». Elle serait « en effet trop rigide » et enfermerait « les élèves dans des « tubes » les conduisant de la seconde à la terminale, faute de passerelles existantes ou suffisantes entre ces différentes filières. » Pour que le lycée « prépare mieux au supérieur et à l’insertion », le rapport préconise de « le libérer de l’excès d’emprise du baccalauréat (…) : » et de « simplifier l’organisation de l’examen, [d’] alléger son coût en concentrant les épreuves finales sur un petit nombre de matières fondamentales (…) en instituant un contrôle continu sur les options (…). » (p.7) Enfin, le député propose de construire des cursus modulaires, dotés de «crédits capitalisables et retranscrits en compétences acquises aisément identifiées par les entreprises » (p.87). Notons que la cour des comptes juge également que le bac est une entrave à la réussite dans le supérieur et qu'il « entretient une relation complexe avec l'organisation de la scolarité du lycée, en raison de (…) son format et de son déroulement durant la période d'enseignement. » Une université qui contribuerait à la reproduction sociale et aux inégalités D'après le rapport, l’université serait responsable de la reproduction sociale (p.59) notamment en raison d'une « conception élitiste » du « fameux diplôme, obtenu ou non, (...) conserve aujourd’hui encore plus de poids que toutes les expériences engrangées par la suite. C’est une conception élitiste qu’il convient de changer. » p130 Le rapport appelle également de ses vœux « un encadrement pédagogique et des méthodes de travail cohérentes avec celles déployées au lycée » (p.71). De plus, on y regrette que les étudiants soient mal orientés et qu'il n'y ait pas de passerelles entre filières avec hiérarchie entre les filières (doubles licences). Enfin, il faudrait développer « des filières professionnalisantes. » (p.9) Il faudrait donc transformer l’université en boîte à diplômes maison professionnels. La logique est la même qu’au lycée : détruire les diplômes nationaux. Condamnation de l'élitisme de la CPGE : « luxe suprême » Le rapport cite M. Jean-Richard Cytermann, chef du service de l’Inspection générale de l’Éducation nationale et de la recherche (IGAENR) qui, « en réaction à la précocité et à l’importance des décisions d’orientation, contradictoires avec le rythme de maturation des desseins professionnels d’une vaste majorité d’élèves, le « luxe suprême », est de repousser le plus longtemps possible l’heure des choix en privilégiant les formations « généralistes » dont l’attractivité est proportionnelle à leur capacité à ouvrir toutes les portes (…) parfois au détriment de leurs appétences et du potentiel de recherche de notre pays qui dépend pourtant essentiellement des universités dont ces élèves prometteurs se détournent trop souvent. » (p.69) Le choix d’une CPGE ne serait, selon le rapport, qu’une manière de repousser le moment du choix d’une orientation. Mais les bacheliers choisissent la CPGE pour préparer les concours d'entrée aux ENS et aux grandes écoles. Assimiler les CPGE à un refuge pour étudiants indécis vise surtout à justifier les licences généralisantes et professionnalisantes qui déboucheraient sur un diplôme maison en partie validé par les entreprises. En dernière analyse, le rapport rend les professeurs et l'enseignement disciplinaire responsables de la dégradation du niveau scolaire des élèves et des étudiants, du chômage des jeunes et des inégalités sociales. La solution du rapport Bréhier : une cure d’austérité dans l’éducation nationale et une remise en cause des statuts et des diplômes nationaux Lycée modulaire et socle de compétences Dans le lycée modulaire « la vie de l’établissement [serait] partagée autour d’un projet unique garanti par la lettre de mission du chef d’établissement » et d'une DGH commune. (p.35) Il s'agirait de renforcer l’autonomie des établissements, l'autonomie dans la définition des contenus, aux dépens des programmes nationaux. Mais le rapport condamnerait aussi les filières, en particulier la filière professionnelle, fondue avec les autres dans un système de tronc commun assorti d'options. Après les PEDT dans le primaire, le rapport recommande la mise en place d'un lycée territorialisé. Pourtant, le rapport propose également « un renforcement rapide de la formation professionnelle qui [serait] pleinement garanti lorsque tous les diplômes initiaux [auraient] leur équivalent en formation continue. » Au nom de la valorisation de la formation professionnelle, le rapport se prononce pour généraliser l’apprentissage et la formation tout au long de la vie au détriment du service public de l’enseignement professionnel et des diplômes professionnels nationaux. Destruction des statuts Reprenant le rapport de la cour des comptes de février 2015, le rapport Bréhier déplore «la démarche d’individualisation [qui] semble en décalage avec l’organisation actuelle de l’enseignement ; la logique hebdomadaire des obligations de service, la tradition disciplinaire dans le second degré et la faiblesse du travail en équipe [qui] entravent en effet le déploiement des dispositifs. » (p.43) Les responsables de la dégradation des conditions d’enseignements, ce ne sont pas les suppressions de postes, les classes surchargées, les restrictions budgétaires mais les statuts des enseignants ? Régionalisation et mutualisation des services de l’éducation nationale Le rapport préconise l'échange de service des enseignants du secondaire avec ceux du supérieur. Il donne l'exemple d'une convention signée entre l’université Jean Monnet de Saint-Étienne et l’académie de Lyon « L’objectif de cette opération est de permettre aux enseignants de renforcer leur connaissance des publics scolaires et universitaires, de mieux appréhender les exigences du lycée et de l’université, d’enrichir les pratiques pédagogiques respectives pour mieux répondre aux besoins des élèves et pour créer une communauté d’échanges de pratiques pédagogiques. Cette opération est basée sur le volontariat et sur une parité horaire sans flux financier. » Dans le cadre des missions liées définies par le décret Hamon sur les obligations de services, le temps de travail des professeurs serait extensible à l'infini sans augmentation de salaire. Enfin, alors que les COP du secondaire et les psychologues du 1er degré viennent d'être fusionnés en un seul corps, alors que les fermetures des CIO se multiplient, le rapport veut charger les enseignants du secondaire et du supérieur de l'orientation des élèves et des étudiants. Mais cela doit aller de pair avec la création de « commissions académiques des formations post-bac (…) » où interviennent « des représentants du monde professionnel et de la région, chargés d’examiner l’adéquation entre l’offre de formation et les besoins prévisibles du marché du travail, sur le fondement notamment des travaux du CREFOP. » Sur ce point également, la cour des comptes préconise de renforcer encore les liens entre l'EPLE et la région afin d'optimiser l'offre de formation. Mme Vallaud-Belkacem avoue qu'elle « partage l'objectif (…) de renforcer les outils communs à l’État et aux Régions d'aide à la décision en matière d'allocations des moyens aux lycées, de planification des formations et de programmation des opérations d'investissement. » C'est un lycée territorialisé et précarisé qu'ils veulent mettre en place! Mettre en place des licences pluridisciplinaires et professionnalisantes « En parallèle, la licence, affectée par un taux d’échec très excessif, doit redevenir une étape valorisée du parcours LMD. Pour y parvenir, il importe de persévérer dans le mouvement de rationalisation des intitulés et d’ancrer son déroulement dans une logique d’abord pluridisciplinaire, puis de plus en plus spécialisée. En outre, la licence doit redevenir un diplôme valorisé dans le monde professionnel notamment, en enrichissant les modules proposés de formations professionnalisantes notamment en association avec les IUT, en recourant à l’alternance et en préparant tous les étudiants qui le souhaitent à une entrée en licence professionnelle, dont les résultats d’insertion sont remarquables notamment en raison de leur co-construction avec les entreprises. » Créer des licences pro maison définies conjointement par l'université et les entreprises, mais qui ne permettront pas aux étudiants d’évoluer dans leurs futures fonctions, voilà ce que propose le rapport Bréhier. Mutualiser les CPGE et les universités : les conventionnements CPGE « Ces conventions auraient vocation à rassembler un champ vaste de partenaires, intégrant université (y compris les IUT), les STS et les CPGE ainsi que toute autre formation pertinente intégrée dans les débouchés traditionnels du lycée concerné. Le mouvement parallèle de regroupements des universités grâce à la constitution des vingt communautés d’universités et d’établissements (COMUE) et des cinq associations d’établissements supérieurs, fournit d’ailleurs une opportunité exceptionnelle pour les établissements du secondaire de trouver un interlocuteur unique et cohérent pour tisser rapidement ces réseaux. » p. 89 au nom de la réorientation en cas d’échec. N'est-ce pas la fusion de toutes les formations post-bac qui est envisagée ? En outre, le rapport préconise une « coordination » entre équipes pédagogiques du secondaire et du supérieur", au prix de la mise en cause des statuts des uns comme des autres, puisqu'elle serait obligatoire. Alors que les uns comme les autres "dialoguent" très souvent, le problème n'est-il pas dans la proportion de cours assurés, faute de postes statutaires, par de très nombreux chargés de cours, dont beaucoup travaillent dans le secondaire ? Le rapport va plus loin encore, préconisant de systématiser les « échanges de service » entre secondaire et supérieur (p, 117), niant ainsi les spécificités des deux professions et remettant en cause les garanties statutaires. Les objectifs sont dévoilés aux p. 117-119 : il s'agit d'affecter plus massivement les agrégés et certifiés dans l'enseignement supérieur, dans la plus grande précarité puisque serait utilisé la voie de la « mise à disposition » temporaire, il s'agit donc de réduire le nombre d'enseignants-chercheurs. Il s'agit aussi de faire en sorte que les enseignants-chercheurs soient acclimatés à l'enseignement dans le second degré (dans un premier temps dans les CPGE) : sous couvert d' « échanges de services » et de partage de « bonnes pratiques », c'est la disparition des statuts des professeurs de CPGE comme des enseignants-chercheurs que programme ce rapport. Un rapport qui converge singulièrement avec celui de Jean-Denis Combrexelle dans la casse du droit du travail, du statut national des enseignants et de la république sociale C'est la même logique que celle du rapport Combrexelle : qui rend les conventions collectives et le code du travail national responsable de la cause du chômage en France. Le rapport Combrexelle propose que les accords d'entreprise priment sur le code du travail et les conventions collectives. Il en va de même dans l'enseignement : le ministère veut mettre en place des établissements autonomes, gérés localement et donc la responsabilité des enseignements et de la gestion des personnels reposerait sur le conseil d'administration et in fine sur le chef d'établissement. Continuum bac -3/ bac +3 : une idée neuve ? La Circulaire nationale du 18 juin 2013 relative au continuum de formation de l’enseignement scolaire à l’enseignement supérieur – B.O n°30 du 25 juillet 2013 Préconise déjà : 1. Une commission définissant les besoins de formation : « Ses missions sont élargies à l'étude de la carte des formations. Les projets d'ouverture et de fermeture de formations dans les quatre grandes filières (BTS, CPGE, DUT, licence) doivent être concertés dans cette instance, avant que les décisions afférentes ne soient prises par les autorités compétentes. » 2. Une orientation avec pré-conseil d’orientation en 1ère 3. Une meilleure articulation des programmes entre lycée et supérieur, notamment par l’introduction de « l’évaluation par compétences » en CPGE et « compétences », pédagogie par projet et ap à la fac pour les bacheliers professionnels |
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